Luc Moullet Premier ministre

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L'édito de la semaine

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Luc Moullet Premier ministre, la politique ce serait autre chose (déjà, Imphy serait capitale de la France). Luc Moullet Premier ministre, pas sûr qu'on rie tous les jours, mais parfois quand même. Luc Moullet Premier ministre a droit aujourd'hui, pour sa nomination, à une Carte blanche sur Tënk, sobrement intitulée Luc Moullet programme des films.

Il nous propose donc trois films, en partenariat avec Documentaire sur Grand Écran, dont il a rédigé les « avis de Tënk ».

Une exploration des tout débuts du cinéma, d'abord, avec Ce qui me meut. Ce court métrage, qui fit connaître Cédric Klapisch, est un hommage à Étienne-Jules Marey, « chronophotographe », c'est à dire écriveur de la lumière et du temps. Un film axé vers le comique, un « faux vieux film » qui raconte en s'amusant la vie et le travail de l'inventeur. « Le meilleur Klapisch » selon Luc Moullet !

Essai de reconstitution des 46 jours qui précédèrent la mort de Françoise Guiniou porte un long titre et est assez peu axé vers le comique. Réalisé par l'artiste Christian Boltanski, et « inspiré par l’enfermement de la famille Boltanski, un hiver dans la France occupée par les Allemands », ce court métrage raconte de manière sobre, voire austère, la décision que prend une femme, au premier jour des grandes vacances, de se confiner dans son appartement avec ses deux enfants, jusqu'à ce que mort s'ensuive... « Un film implacable, le degré zéro de l’existence. La longue marche vers le néant » écrit Moullet.

Enfin, « un kaléidoscope cosmique où le trivial jongle avec la métaphysique » ! La Chouette aveugle est un film de Raúl Ruiz, que Luc Moullet tente de décrire ainsi : « À l'origine, un roman morbide écrit par l'Iranien Hedayat, et aussi une pièce espagnole écrite 310 ans avant, sur les paradoxes de la religion catholique, tout ça filmé par un Chilien ». Et c'est encore au cinéma que ça se passe : l'histoire d'un projectionniste fasciné par la danseuse du film qu'il projette... et bien plus encore, dans ce film qui semble nous faire plonger dans un long rêve fantaisiste...


Pour sonder les tréfonds du cerveau, il y a les rêves fantaisistes, mais il y a aussi les électrodes. Cinq Nouvelles du cerveau, de Jean-Stéphane Bron, explore cinq façons qu'ont cinq scientifiques d'envisager l'intelligence, humaine d'abord, artificielle parfois. Qu'on envisage de reproduire avec des machines à 0 et 1 les mécaniques de l'organe, ou bien qu'on réalise la prouesse de faire « parler » une personne dans le coma, tout pose question, et des questions profondes, qui interrogent la conscience et l'humanité même. Qui interrogent aussi sur soi-même et ses propres failles et obsessions, ses propres croyances. Et qui inquiètent, parfois... Un film dense et fascinant !


En Kinyarwanda, « kumva » veut dire écouter mais aussi ressentir. Kumva, ce qui vient du silence est un film de paroles et de rencontres avec des jeunes gens, la trentaine, qui étaient enfants au moment du génocide des Tutsis de 1994 au Rwanda. C'est un film « doux et important » nous dit Benoît Hické, qui le programme. Parce qu'il permet de véritables rencontres et que les mots entendus, les témoignages apportés se tournent vers l'avenir et l'espoir.

Enfin, quelques allers-retours en avion : Comme un chien dans un arrosoir. C'est ainsi que se sent Olivia Martin, la réalisatrice, qui partage sa vie « entre l’île de La Réunion et la France ». Et c'est une position ni évidente ni confortable : « Là-bas l’ennui, ici le manque de là-bas ». Bien décidée à se réinstaller un jour sur l'île de ses origines – faisant ainsi le chemin inverse de ceux qui partent chercher une vie meilleure dans l'Hexagone –, elle interroge par son film cette distance et suscite les conversations. Entre racines et occidentalisation, entre français et créole, Olivia Martin fait ses allers-retours, et l'île oscille...

Bons films !