Le festival Visions du Réel

Le festival Visions du Réel

L'édito de la semaine

Tous les vendredis, nos programmations sont accompagnées d'un édito qui vous présente les films de la semaine. Vous pouvez le recevoir par mél en vous inscrivant à la newsletter, mais aussi retrouver toutes les archives ici !

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Chanter, c'est bien. C'est faire sortir de son propre corps des choses que les gens entendent. C'est comme parler, en fait, mais avec plus de notes. Dans Les Rengaines, des gens chantent dans un café – c'est comme parler aux autres habitués, mais avec plus d'émotion. En karaoké, les clients se racontent et partagent un peu de leur intimité, mais aussi de leur histoire commune, en insufflant dans leur quotidien la magie de mélodies et de paroles connues. Les Rengaines est, à force de chansons, une sorte de comédie musicale documentaire. On nous y raconte avec poésie une vie de quartier, tout un passé, et ce qui peut réunir les gens, simplement. Chanter, c'est bien, alors chantons.

Y aura-t-il des soirées karaoké pendant le festival Visions du Réel, qui s'ouvrira la semaine prochaine à Nyon, en Suisse ?

En tout cas : nous vous proposons cette semaine une sélection de courts métrages qui comme Les Rengaines y ont été programmés en 2024.

Imprimer un steak. C'est une chose possible aujourd'hui. Ensuite, une fois qu'il est imprimé, vous pourrez le commander via votre appli préférée et des robots iront le chercher dans un casier désigné, dans un entrepôt quelque part. Vous goûterez le steak et vous nous direz quel degré de félicité il vous aura apporté. Bliss Point signifie littéralement « point de félicité » (ou de plaisir, ou de bonheur). Bliss Point est un court métrage sans parole et aux images estomaquantes, qui envisage le degré extrême de technologisation de notre processus d'alimentation. Oui, manger un steak peut faire intervenir des processeurs et des robots. Et peut-être aussi quelques humains payés au lance-pierre.

Mawtini est à notre connaissance le premier anime japonais programmé sur Tënk. Et c'est un film suisse réalisé par une cinéaste d'origine irakienne. Il reçut l'an dernier le Prix Tënk - Opening Scenes à Visions du Réel. Tabarak Allah Abbas nous y raconte le départ d'Irak de ses parents en 1991. Un homme et une femme qui combattirent, qui risquèrent tout, leur bébé en bandoulière, et qui se transformèrent en héros et héroïne de manga animé ! C'est cela, Mawtini : un enfant qui se figure le courage de ses parents. Une réalisatrice adulte qui leur rend un bel hommage.

Voyage de documentation de Madame Anita Conti. Comme son nom l'indique : dans les années 50, Anita Conti, première femme océanographe, embarque sur un chalutier, seule avec sa caméra, ses appareils photo et soixante hommes pendant six mois. Et elle documente, oui. Le film, réalisé par Louise Hémon, est une mine d'archives précieuses. Qui sont non seulement un témoignage de l'activité scientifique de la chercheuse mais aussi une mise en valeur de la richesse créative de ses notes, photos, dessins. Une femme à l'énergie créative hors du commun, indissociable d’un combat écologique d’avant-garde, pionnière qui avait pressenti la nécessité de la protection des océans.

Et, dernier court métrage de Visions du Réel 2024 : Memories of an Unborn Sun de Marcel Mrejen. Un film entre réalité passée et dystopie, dans le Sahara algérien, qui met en parallèle des histoires nucléaires et la mise sur orbite d'un soleil artificiel lancé par les Chinois...


Et pour compléter ce programme vous pourrez retrouver deux films passés par le festival suisse dans les années précédentes, en 2020 et 2021. Deux films qui avaient été accompagnés par Tënk en production. Na China, de Marie Voignier : baskets Nike au kilo, sacs Vuitton par colis de 100, chemises Gucci en palettes… à la rencontre des travailleurs africains qui par milliers s'exilent en Chine pour naviguer dans l'import-export. Et L'Huile et le Fer, de Pierre Schlesser, un film qui déteste qu'il soit admis qu'on se tue au travail, et qui transforme sa colère en grande, très grande poésie.

Bons films !