
La Terre tient nos rêves
L'édito de la semaine
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« Qu’est-ce qui nous pousse à creuser la terre, construire des cabanes, tresser des couronnes de fleurs ou peupler les arbres de dragons ? ».
Notre Escale de la semaine – La Terre tient nos rêves – s'intéresse à ce que nous faisons de notre terre, avec un grand et un petit T. À la manière dont nous prenons soin d'elle, dont nous l'habitons, dont nous nous faisons notre propre monde au sein d'un plus grand. Ce sont cinq films inquiets ou drôles, intimes, poétiques. Une programmation qui a ete fabriquée par l'équipe du Festival international Jean Rouch, qui se tiendra à Paris du 8 au 24 mai.
On peut être inquiets parce que les dragons ont tendance à disparaître, par exemple. C'est le cas dans Flotacija, film serbe dans lequel on suit la famille de Dragan Marković, dernier d’une lignée de chasseurs de dragons dans une région minière bouffée par l'industrialisation. On peut être inquiets, et à juste titre, parce que la terre est pleine de poison : à Richland, aux États-Unis, ancien épicentre de la production de plutonium pour le projet Manhattan. C'est là le portrait d'une communauté qui vit d'un souvenir encore teinté de fierté patriotique : « À Richland, USA, les rues sont nommées « Nucléaire », « Proton », et le lycée a pour emblème un champignon nucléaire. « Proud of the Cloud » est le motto de certains habitants ». Le nucléaire marque l'histoire collective autant que les corps. Une histoire que la réalisatrice Irene Lusztig raconte en archives, en chansons et en poésie, et surtout en écoutant la parole au présent de ceux qui peuplent ce lieu, qui, eux, sont nécessairement tournés vers l'avenir.
La Terre, on l'habite comme on peut ou bien comme on veut. Dans Waking Up in Silence, c'est comme on peut : des enfants ukrainiens réfugiés en Allemagne vivent leur vie dans le lieu qui leur est attribué, une ancienne caserne militaire de la Wehrmacht. On parlait de fleurs en introduction : ce sont ces enfants qui en tressent des couronnes. « Certes, le soleil brille, le ciel est bleu, l’image rayonne : c’est l’été. Mais les cerises allemandes ne sont pas aussi sucrées que celles d'Ukraine » écrit Alexia Vanhée, Déléguée artistique du Festival international Jean Rouch. Qui dit aussi que c'est un film comme en apesanteur, qui nous fait ressentir, par l'image et le son, ce que peut être une nostalgie, un déracinement profond...
Comme on peut ou comme on veut : peut-être à la lisière. Lisière, c'est le titre d'un film qui se déroule dans un territoire à l'écart, une terre de femmes, des cabanes à flanc de collines, quelque part en France. Un lieu qui s'est construit il y a quelques décennies et dans lequel la réalisatrice séjourne. À la rencontre de celles qui ont construit les premières cabanes à l'époque, mais aussi de celles qui aujourd'hui viennent s'y ressourcer à l'écart des hommes. À la rencontre d'elle-même, aussi.
Et enfin : la terre – ou la Terre – peut cacher des trésors. Et qui dit trésors dit chercheurs de trésors. Dans Les Rêveurs et la Juge, on suit une bande de pieds nickelés qui prospectent dans les montagnes iraniennes, tandis qu'une juge tente de mettre fin à leurs pillages illégaux. Est-ce que tout cela est bien réel ? Peut-on vraiment y croire ? L'état lui-même peut-il s'occuper sérieusement de ce qui peut n'être qu'élucubrations ? Le réalisateur « confronte la réalité sociale et politique de l’Iran aux rêves des Iraniens avec un humour fin et un goût de la poésie quotidienne. Oui, ce monde est fou, qui veut briser nos rêves et notre liberté. Mais il reste un espoir, tant que le rêve est réel… »
Bons films !
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