En Bretagne, en Écosse et puis à l'extrême-droite

En Bretagne, en Écosse et puis à l'extrême-droite

L'édito de la semaine

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On est certainement tous un peu des salauds. Mais Bastien, lui, a le mérite de se poser franchement la question. Il milite à l'extrême-droite (cette tendance politique qui fait du mensonge son principal mode de communication, qui crache sur les étrangers (plutôt tendance musulmans) et qui, si par malheur elle était au pouvoir, userait sans vergogne de passages en force, policiers et législatifs). Bastien, en 2017, a choisi le Front National. Il y fait la petite main, comme il y en a tant dans toute campagne présidentielle. Les pontes ont besoin d'ouvriers. Il se prend au jeu du parti, d'une possible ascension, d'une possible carrière avec cravate ? Mais tout ne se passe pas parfaitement, non. Il y a de la violence quelque part.

Dans La Cravate, les deux réalisateurs Étienne Chaillou et Mathias Théry suivent Bastien dans ses différentes tâches de militant, qui grignotent sur sa vie personnelle. Et pour raconter autrement son histoire ils prennent le parti étonnant – étrange ? inhabituel ? troublant ? osé, assurément – d'en écrire une sorte de roman, style 19e. Le roman s'appelle La Cravate et Bastien le lit. Et il le valide. On y découvre des pans de son passé. Oui on y découvre de la violence. Et on découvre un jeune homme, Bastien, militant du Front National, qui à un moment se demande : « je suis un salaud ? ».

Nul doute que si, par malheur, l'extrême-droite parvenait au pouvoir, le travail de Christine Mengus et Nohra Boukara serait vraiment compliqué. Elles sont deux avocates spécialisées dans les droits des étrangers, à Strasbourg. Dans Maîtres, Swen de Pauw filme leur travail au sein de leur cabinet. Elles parlent, font sortir la parole parfois difficile, se confrontent aux épaisseurs du code civil... Elles se démènent avec ténacité, colère parfois, humour souvent, pour arranger les situations administratives les plus tortueuses, et personnelles les plus indemêlables. C'est presque spectaculaire. Et leur travail est compliqué.


Quatre portraits, pour continuer.

D'abord, quelque chose d'écossais : « Des sons fantômes, des ciels humides à n’en plus finir, des routes détrempées et, partout, la lumière du jour, pâle ou rasante ». Ainsi commence l'avis de notre programmatrice Charlène Dinhut à propos de Being in a Place – A Portrait of Margaret Tait de Luke Fowler. Le réalisateur écossais fait le portrait de la cinéaste et poètesse écossaise en arpentant ses paysages : ceux des Îles Orcades, rude archipel septentrional qu'elle a arpenté tout au long de ses films, convaincue qu'à regarder une chose d'assez près, elle pourra révéler sa véritable nature. Entre les images de Tait et celles de Fowler le film navigue et ouvre une porte vers l'œuvre de cette réalisatrice énigmatique...

Ensuite, des choses bretonnes. Nous consacrons une programmation Premières Bobines aux Portraits de Mellionnec. Sis dans les Côtes-d'Armor, ce village accueille tous les ans les Rencontres du film documentaire de Mellionnec, organisées par l'association Ty Films. Les portraits, ce sont tous les ans 4 films réalisés par de jeunes cinéastes, en 3 semaines, qui vont à la rencontre d'habitants locaux – quatre films projetés traditionnellement en ouverture du festival.

Vous pourrez ainsi faire 3 rencontres : dans Madame Lulu, celle de Lucienne, une femme de 94 ans qui se promène, boit un petit verre de vin liquoreux, porte des chemises fantaisie et se souvient des chants qu'on chantait dans son village, hier ou avant-hier, il y a quelque temps déjà... Claire, faire corps fait le portrait d'une artiste toute à son art, partagée entre son village et le monde autour, entre la création et toutes les choses bien concrètes de la vie. Et enfin, Nathan, juste là : c'est un jeune homme qui habite quelque part, qui n'est pas spécialement attaché à sa chambre, qui a vécu çà et là dans le monde, qui vivrait bien ailleurs, qui aime comprendre le vivant et qui est amené à parler avec douceur par la réalisatrice Elya Serres. Et puis il lit un poème : La vie / comme ailleurs / cherche ses voies / Tu es un essai / nous dit-elle.

Bons films !