
Des bisons, Picasso, un balai
L'édito de la semaine
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Pas de mots. Des volées d'oiseaux. Des singes inquiets. Des bisons en troupeaux. Des forêts secouées de bois de cerfs. Le règne animal est en fuite. La guerre l'affole. La violence l'agite. Ces animaux sont Les Habitants. Artavazd Pelechian les célèbre. Il exalte leur mouvement, leur majesté, leur puissance. Les animaux submergent la violence. Espérons. Ils font groupe, se révoltent par leur nombre et leur énergie. Ils s'envolent en musique. Ils se mettent en action et c'est un court métrage sublime, arménien, de 1970. Et puis ensuite vous regarderez tous les autres films de Pelechian, c'est certain.
Beaucoup de mots : Je sais que j'ai tort mais demandez à mes copains, ils vous diront la même chose. Comme mot, dans ce film, il y a par exemple Pipicacassosso. Mais il y en a bien d'autres : ce sont des collégiens qui parlent (avec éloquence, brio et vocabulaire) de Pablo Picasso. Ils commentent leurs propres œuvres inspirées de l'artiste, filmées plein cadre (et peintes avec brio itou !). Et ils ne sont pas toujours tendres avec cet homme, ou avec l'art moderne. Un film de Pierre Oscar Lévy, qui obtint en 1983 la Palme d'or du court métrage à Cannes !
Est-il possible, dans le contexte économique actuel, sur le marché de l'emploi contemporain, de reproduire des expériences collectives des années 1970 ? Dans Le Balai libéré, Coline Grando fait se rencontrer du personnel de nettoyage d'hier et d'aujourd'hui, à l'université de Louvain. Il y a 50 ans, les femmes de ménage avaient mis leur patron à la porte pour s'organiser en coopérative. Et aujourd'hui, aujourd'hui qu'on est embauchés par une entreprise sous-traitante, dont le patron n'a pas de visage ni de nom, comment fait-on ? En tout cas, on en discute, dans ce film qui fait la part belle à la parole. Et pour un autre beau film de parole (et d'écoute) de Coline Grando, vous pouvez aussi regarder La Place de l'homme (en location) !
Du Liban à la Mer Morte coule le Jourdain. Là dans cette eau Jésus fut baptisé par son cousin. Là sur cette même eau, celle du lac de Tibériade, il marcha. De cette eau il tira avec ses collègues Jean, Pierre et Jacques une pêche miraculeuse. Cette eau, miraculeuse et abondante il y a 2025 ans, se raréfie. Israël la pompe. Israël a divisé le débit du fleuve par huit, pour alimenter des déserts et irriguer ses colonies. Dans The Fading Valley, les agriculteurs palestiniens tentent de survivre dans leur vallée. Leurs patûrages sont devenus zones militaires. Leurs puits ont été bouchés. L'eau a été détournée pour faire pousser les fleurs de la colonie voisine – où certains des agriculteurs finissent par être obligés de travailler... Peu de mots dans ce film. Mais l'évidence de la colonisation israélienne qui, pour éliminer un peuple, assoiffe sa terre.
Terminons avec de la danse.
Nous allons explorer des territoires dans notre Tours, détours programmé en partenariat avec LUX Valence et l'événement Films et expériences de danse qui se tiendra du 1er au 3 avril. Deux films où la danse pénètre et interagit avec son milieu : on y « habite » en mouvements une villa célèbre, la Villa Savoye, construite par les architectes Le Corbusier et Pierre Jeanneret – dans Nioun Rec, un court métrage de Grégoire Korganow. Et on y arpente les paysages urbains et péri-urbains de Valence, dans le premier épisode de la série Éternelle Jeunesse, de Christophe Haleb : Éternelle Jeunesse #Valence. Une « choréalisation » qui rencontre les paysages et les jeunes gens qui les peuplent. Un film généreux et attentif, qui propose d’explorer leurs rêves, d’appréhender leurs doutes, leurs revendications, en parlant, en chantant, en dansant !
Bons films !
Les éditos passés





