De la Terre jusqu'au Ciel

De la Terre jusqu'au Ciel

L'édito de la semaine

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Trois ou quatre secondes de glisse et puis le saut dans le vide. Des heures d'entraînement sous un soleil d'été, les torses nus, les gestes répétés, les cuisses puissantes comme des ressorts. Et l'appréhension : que fait-on là tout en haut d'un tremplin, qu'est-ce qui nous pousse à tenter l'impossible, immenses skis fixés aux pieds, l'impossible : voler. Le sauteur à ski « a la chance de mourir et de renaître à chaque fois ». Peut-être est-ce quelque chose comme ça. Envol est un film qui montre des jeunes hommes qui volent, ou presque. Un film qui est lui-même une envolée poétique, pour nous abstraire un temps de la pesanteur.

S'agit-il de s'extraire de la pesanteur du monde, ou bien de s'y ancrer ? Les moines augustins sont des temples de Dieu. Ils exercent leurs rites avec rigueur, à cinq dans leur petite abbaye. L'amour mutuel, le service, le partage des joies et des peines sont leurs engagements profonds. Otar Iosseliani les filme, dans Un petit monastère en Toscane. Au-dehors les paysans récoltent les olives et coupent les pieds de vigne. Au-dedans on lit les textes d'un ton de moine. Iosseliani pose son regard tendre et ironique sur cette vie là, ces allers-retours dedans et dehors. Et le grand réalisateur géorgien brouille les pistes : il y a du religieux dans le travail de la terre et on mange la soupe avec appétit pendant les prières. On entend du français, de l'italien et du latin, mais c'est un film sans dialogues. Tout un art de montage et de sons qui nous suspend entre le profane et le sacré : la pesanteur est là, elle est entre la Terre et le Ciel.

« Au cœur de tous ces gestes, il y a aussi la mort, la mise à mort que l’on a tue » : voilà une belle phrase tirée du résumé du film de Colas Gorce, Les Initiés. Les gestes dont le film parle, ce sont ceux des personnes qui s'occupent d'animaux, vaches et chèvres, et qui doivent nécessairement se confronter un jour à leur mort. Au fait de les tuer. Tout en pudeur, ce film (accompagné par Tënk en production) parle de cet attachement et cette relation complexes – qui interroge nécessairement notre propre rapport au vivant. 

Vue du ciel, la Terre. Plus précisément : vue par des « caméras de notre vaisseau spatial en orbite autour de notre plus proche voisine ». Oui ce sont des Martiens qui réalisent La Terre est habitée !, nouveau film de notre série de l'été Des courts de 7 à 177 ans. Un film d'animation fabriqué par Les Drew et Kaj Pindal (qui a véritablement le plus beau sourire de la Terre), qui s'amusent à imaginer comment notre humanité pourrait être décryptée vue d'en haut. Et donc quelle image elle donne d'elle-même. Ici, il semblerait bien que nos nombreuses automobiles soient prises pour des créatures bien vivantes...

Enfin, quelques créatures observées parfois du ciel, parfois les pieds dans le sable d'une plage : Una volta ancora décrit en quelques minutes une saison entière de vie balnéaire ! Avec : des enfants qui plongent avec des crocodiles verts, des adultes qui font des pâtés de sable, un chien prénommé Tequila, des cabanes en bois qui vont et viennent, une femme qui s'étire, une autre qui manque se noyer, un homme qui cherche des trésors, une caméra de surveillance... Avec beaucoup d'humour surtout, pour cette tranche de vie de plage, qui s'amuse beaucoup avec les sons et les bruitages, comme le remarque avec à-propos notre « avis de Tënk » : « Bip bip, le détecteur à métaux. Clac clac, l’appareil photo. Ploc ploc, la bonne drache. Stop. (...) Plouf. Un crawl, une brasse, une planche, une plongée, un dos crawlé, un chien, un feu d’artifice. Booom Booom Pschitt. Plage vidée. Stop ».

Bons films !