Alain Tanner, le vrai, le faux

Alain Tanner, le vrai, le faux

L'édito de la semaine

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« Le travail pour moi c'est d'être tous les jours d'accord avec moi même, ça c'est le travail. (...) Si je suis heureux au bout j'ai fait un bon travail ».

C'est l'artiste Claudévard qui parle, dans La Vie comme ça, d'Alain Tanner. Un film doux, en noir et blanc, en 24 chapitres (Les Corbeaux, Les Moufflets, L'Escargot et sa coquille, Le Doigt coupé...). Un film avec beaucoup de neige et de mots, dans les montagnes du Jura. On y découvre Claudévard, donc, qui vit et travaille avec Jeanne-Odette. Deux artistes qui ont fait le choix de la campagne, du travail avec les mains, de l'utopie et du peu d'argent. Claudévard parle beaucoup de liberté, de rupture avec les conventions, tout cela avec une « colère douce mais tenace contre le monde moderne ». Peut-être est-ce aussi là la colère qui animait le réalisateur lui-même tout au long de sa carrière.

Nous lui consacrons un Fragment d'une œuvre, à Alain Tanner*. Réalisateur célèbre pour ses fictions (La Salamandre, Dans la ville blanche...), il a également réalisé beaucoup de documentaires pour la télévision suisse. C'est pour celle-ci qu'en 1977 il participe à l'émission Écoutez voir. En même temps que d'autres cinéastes (Anne-Marie Miéville, Loretta Verna et Francis Reusser), il réalise le deuxième épisode de la série : Temps mort. « Un sabotage médiatique prophétique », écrit Federico Rossin ! « Un road-rail-movie théorique sur le cinéma, les images, les média dans le contexte de la société capitaliste suisse des années 70 ». Passionnante réflexion, d'autant plus audible et nécessaire de nos jours. Écoutons seulement ce passage de la voix off du film : « Résister à l'hémorragie d'images. S'il y a tant d'images, trop d'images, c'est dans un seul but : c'est qu'en s'annulant toutes, on n'en voie plus aucune ». N'est-ce pas ce qui nous occupe, sur Tënk, cette économie des images réfléchie ?

Au début des années 50, Tanner fait le choix de partir sur des cargos à travers le monde, depuis Gênes. Il rencontre les gens de la mer et les gens des ports. Les Hommes du port, c'est un retour émouvant, en 1995, sur le port de Gênes. Il y filme « le système d'autogestion des dockers – une organisation syndicale qui est une véritable utopie, le cœur de l'œuvre de Tanner. Il filme pour comprendre pourquoi ils ont l'air d'être des hommes libres et heureux, des hommes qui ont transformé leur vie grâce à la Compagnie ».

Et si vous voulez (re)voir le tout premier film d'Alain Tanner, Nice Time, il est en location !


Armel Hostiou, a priori, ça n'est pas un nom très commun (par contre, a priori, c'est breton). Il est alors fort peu probable qu'il existe un autre Armel Hostiou à Kinshasa. Armel Hostiou, qui habite en France, est réalisateur (et il est breton, d'ailleurs, mais bref). Il est d'autant moins probable que le Armel Hostiou kinois, s'il existe, soit lui aussi réalisateur ! Non ? Maintenant ceci : « le fait d'usurper l'identité d'un tiers ou de faire usage d'une ou plusieurs données de toute nature permettant de l'identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d'autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende » (on ne sait pas ce qu'en dit la loi congolaise). Toujours est-il que dans Le Vrai du faux, Armel Hostiou (le vrai : le breton), se voit contraint d'enquêter un peu, le jour où il se découvre un autre profil Facebook dont tous les amis sont des femmes congolaises. Inquiétant, certainement. Mais c'est là l'occasion de partir dans la mégalopole Kinshasa, à la recherche d'Armel Hostiou (le faux), avec ouverture, humour et curiosité. Comme l'écrit Olivier Barlet : « pour un documentariste, le sujet est trop beau : partir à la recherche de son double ! ».


Kacey Mottet Klein, on ne saurait dire d'où ça vient. Dans le court métrage Kacey Mottet Klein, naissance d'un acteur, Ursula Meier, la réalisatrice franco-suisse (Home, L’Enfant d’en haut) nous présente son comédien fétiche, qu'elle a accompagné depuis ses débuts. Images de castings, extraits de films, extraits de rushes, Kacey nous raconte ce que c'est d'être devant la caméra et dans un personnage. Un film qui fait partie de la série Petites leçons de cinéma, comme Petite Leçon de cinéma : le documentaire, de Jean-Stéphane Bron (en location).

Enfin, un autre nom : Anselm Kiefer. Artiste renommé que la réalisatrice Sophie Fiennes est allée chercher dans son domaine hallucinant du Sud de la France (à Barjac, Gard, Occitanie, 1600 habitants). Le domaine, c'est La Ribaute : plus de 35 hectares de pays façonnés par Kiefer, peuplés de labyrinthes, de tunnels, de statures, de cryptes et de tours. On y entre, à la découverte de la démarche unique de l'artiste. C'est dans L'herbe poussera sur vos villes.

Bons films !

* Voir le site consacré au cinéaste.