Résumé
De la campagne paisible aux paysages sidérurgiques sinistrés de Lorraine, sur la trace d’un passé enfoui, “Le Chemin noir” traverse la France d’aujourd’hui et celle d’hier. À travers un destin individuel se raconte une histoire collective, celle de l’immigration algérienne en France. Aux sons du jazzman Archie Shepp, l’enfance du réalisateur renaît et avec elle son cortège de fantômes : la vie des manœuvres algériens de la sidérurgie, le métal en fusion et l’usine disparue.
L'avis de Tënk
Des indices, des fantasmagories, des souvenirs sombres ou lumineux sont disposés tout au long de ce très beau film d’Abdallah Badis et cela coïncide avec l’évanescence fragile de la mémoire. Ici se mêlent à la fois celle intime du réalisateur, entre nostalgie d’une enfance difficile et questionnement profond sur son identité actuelle, et celle collective qui a pour décors communs la guerre d’Algérie, l’émigration et les hauts fourneaux lorrains. Le chemin est noir car obscurci par les ombres de l’Histoire, par les drames de la guerre et l’appétit anthropophage des monstres industriels, mais on l’emprunte sans se perdre, le temps d’un film à la forme plurielle et subtile, car la mémoire y est vive et l’esprit, vivant.
Sylvain Baldus
Réalisateur