Résumé
En 2001, Faso Fani, la célèbre manufacture de cotonnade burkinabé ferme, entrainant le chômage de centaines d’employés et la misère, conséquences désastreuses d’une politique économique mondiale aveugle aux réalités locales. Dix ans après cette catastrophe économique et sociale, Michel K. Zongo revient à Koudougou, sa ville natale, et dans cette usine qui a marqué son enfance. Les ex-employés, bien que dépossédés d’un outil de travail qui faisait leur fierté, restent convaincus que la remise en route de la filière du coton est un avenir possible.
L'avis de Tënk
Comme son titre l'indique, le film aborde à la fois l’histoire d’une entreprise et ce qu’elle a signifié pour un peuple. Il fallait du rêve et de la foi pour envisager une production locale de tissu indépendante dans le Burkina Faso de Thomas Sankara. Son humour et son engagement servent d'introduction à cette exigence de dignité et de liberté. Le Faso dan Fani (pagne tissé au pays) sera un tissu sans fil extérieur, le fleuron d’une révolution. Cette aventure industrielle abordée avec les hommes qui l'ont menée mais aussi l’étau de l’économie mondiale auront marqué la jeunesse du réalisateur. Cette triple dimension lui permet de documenter avec force la renaissance artisanale de la filière en cours et fait de ce film un acte bourré d’empathie autant qu'un manifeste politique. Son film devient dès lors un chant de vie qui, au-delà même de Koudougou, peut motiver nombre de porteurs de projets, tant il est vrai qu’un cinéma d’émancipation rend à chaque spectateur sa puissance d’agir.
Une pensée émue pour Christian Lelong, coproducteur du film, décédé des suites d'une longue maladie le 11 octobre 2020.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures