Ce film est rare et la seule copie existante est sous-titrée en anglais.
Résumé
En 1986, la télévision allemande ZDF invite sept réalisatrices de renom (et de cinq nationalités : allemande, américaine, autrichienne, belge, française) à mettre en scène les péchés capitaux. Intitulé Sept femmes, sept péchés, le film collectif reflète la diversité de leur travail et réunit fiction, cinéma expérimental, comédie musicale, documentaire, etc. sous de multiples formats (16mm, super 16, vidéo, 35 mm). Aux côtés d’Helke Sander (gourmandise), Bette Gordon (avarice), Maxi Cohen (colère), Valie Export (luxure), Laurence Gavron (envie) et Ulrike Ottinger (orgueil), Chantal Akerman se saisit, elle, de la paresse. D’abord uniquement destiné à la TV allemande, le film sortira en salles en 16mm (grâce à l’initiative de Maxi Cohen).
L'avis de Tënk
Dans son livre Ma mère rit (éd. Gallimard, 2021), Chantal Akerman confie : « Je n'aime pas être une paresseuse, j'en ai même horreur mais je dois l'admettre je suis de plus en plus paresseuse et j'ai de moins en moins envie de faire quelque chose. C'est de là que vient ma paresse. » Reliant la paresse à la perte de désir et d'envie, la cinéaste semble dans cette déclaration en souffrir. Ce n'est pas le cas dans La Paresse, où elle convertit le sujet, comme son tropisme pour l'inaction avec un goût assumé du jeu et de l'autodérision. Car à la commande de film sur la paresse, Akerman répond par un film empêché par ce penchant. La démarche devient ici aussi ludique que performative : si le film se fera bien… c'est en montrant l'incapacité à faire. Ainsi et pendant que sa compagne Sonia Wieder-Atherton travaille avec application son violoncelle, la cinéaste se filme dans son lit, puis se livrant à de très vagues activités – tout en ne cessant de répéter avec une indolence moqueuse ce qu'elle va faire, ce qu'elle doit faire, ce qu'il faudrait faire…
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique