“Le 21e siècle sera poétique ou ne sera pas”. Dès la deuxième minute, Deguy pose la question fondamentale : comment faire de la poésie aujourd’hui ? De ce tabou de notre époque (qui ose se revendiquer poète depuis… 1945 ?), Marie-Claude Treilhou fait le centre de son film et de Deguy, son phare dans la nuit. Que faire de Baudelaire, de Claudel ? Comment ça travaille la poésie ? Quel point, désormais aveugle, de la pensée humaine vise-t-elle ?
“Je tourne dans ces choses-là, incessamment” : Deguy ressemble aux autoportraits d’Artaud. Arrachant ses mots à la nuit du langage, il parle les yeux fermés (quelle drôle d’expérience de spectateur : le regard interdit ne fait qu’amplifier la musicalité de la parole !). “La chose n’existe pas en soi, mais telle qu’on essaie de la dire telle qu’elle est”. “Le visible est peu visible, il faut le montrer”. Ce film magnétique nous entraîne dans une folle quête de vérité et de présence.

Arnaud Lambert
Réalisateur