Résumé
Comment la guerre s’installe à l’intérieur des corps de ceux qui la subissent directement ? Et comment, des milliers de kilomètres plus loin, des dizaines d’années plus tard, elle continue, tel un virus, à infecter d’autres êtres humains ?
L'avis de Tënk
Au Portugal, la révolution des œillets, en mettant fin en 1974 à quarante ans de régime autoritaire, a ramené les milliers de soldats envoyés dans les colonies pour combattre les mouvements de libération. D’Angola, du Mozambique, de Guinée-Bissau, ce sont des contingents de vétérans qui rentrèrent au pays et avec eux un héritage conséquent de traumatismes. "Estilhaços", c’est un éclat, un fragment de cette histoire, c’est le récit à la fois très intime et universel des mensonges, de la violence qu’ont exercé toutes les armées coloniales tant à l’encontre de leurs ennemis que de leurs propres troupes. Pour documenter l’immatérialité des blessures mémorielles, José Miguel Ribeiro utilise une animation minimaliste, faite de contrastes et d’accents sonores très précis. Il parvient ainsi, admirablement, à donner corps à des plaies invisibles.
Sylvain Baldus
Réalisateur