Résumé
« En revoyant nos films Super 8 pris entre 1972 et 1981, il m’est apparu que ceux-ci constituaient non seulement une archive familiale mais aussi un témoignage sur les loisirs, le style de vie et les aspirations d’une classe sociale, dans la décennie qui suit 1968. Ces images muettes, j’ai eu envie de les intégrer dans un récit croisant l’intime, le social et l’histoire, de rendre sensible le goût et la couleur de ces années-là ». (Annie Ernaux)
L'avis de Tënk
Ici, Annie Ernaux est une voix. Dans une description précise, quasi clinique, l’écrivaine d’aujourd’hui regarde avec distance sa famille traverser les années 70. Comme dans ses livres, l’intime s’inscrit toujours chez Ernaux dans une société, une culture, une classe sociale. Elle nous fait approcher les aspirations de cette petite bourgeoisie intellectuelle à laquelle elle-même accède. Au Chili d’Allende succède le club de vacances au Maroc et l’achat en temps partagé d’un studio dans une de ces nouvelles stations de ski alpines. La prix Nobel de littérature fait plus que remettre des mots sur ces images muettes, elle nous donne les clefs d’une décennie où le couple se libère, les voyages se démocratisent, les villes nouvelles se construisent en périphérie et les utopies post-68 commencent à vaciller. Elle nous révèle les rouages de cette histoire intime et politique en train de s’écrire. Une famille prise dans une époque.
Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk
