Résumé
“Les Chinois fabriquent les objets, les Malgaches les réparent”. Il y a ceux qui font des chaussures à partir de pneus, ceux qui fabriquent des lampes à partir de boîtes de lait concentré sucré, ceux qui transforment en médicaments et savon les os de zébus laissés par les chiens errants. Imaginons un instant un futur où le système économique viendrait à lâcher : ceux qui tomberaient de haut auraient peut-être du mal à se relever, tandis qu’à Madagascar, on saurait s’adapter grâce à ce sens de la débrouille, le “Ady Gasy”.
L'avis de Tënk
"Ady Gasy" veut dire "à la façon malgache", une expression très usitée dans la Grande Île pour parler de la débrouille. Avec presque rien, on fabrique et répare tout. Les musiciens qui tournent de village en village encouragent ce savoir-faire pour avoir conscience de sa propre force. Face à la misère, c'est la façon d'assurer la survie. Mais si la débrouille permet de rester debout, c'est qu'elle s'inscrit dans la fraternité qui restaure au dur quotidien un pan d’humanité. Cette solidarité que les Malgaches appellent le fihavanana est avant tout respect des différences et art de vivre ensemble. C'est alors que le documentaire trouve sa fonction première : construire un courage. Il tomberait à plat s'il ne montrait pas dans tout leur éclat la beauté des gens, magnifiés par les lumières et les cadres. Ce road-movie qui prend le temps de l’escale et de la rencontre, et dont l'existence tient elle aussi de la débrouille, allie humour et sincérité, connivence et empathie pour être en phase avec son propos.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures