Résumé
« Depuis l’arrestation de mon père, j’enregistre nos conversations téléphoniques. Comme tous les étés, je me rends à Catane en Sicile afin de rendre visite à ma famille paternelle. Cette fois-ci, je les filme et les interroge sur ce qu’a été la jeunesse de mon père. En arpentant la ville volcanique, je rencontre Giulio, un jeune homme de dix-huit ans. À partir de nos échanges, je cherche à comprendre pourquoi le chemin de la délinquance est parfois la seule issue. » (Chloé Lecci López)
L'avis de Tënk
« Tutto apposto gioia mia » : traduisible par « tout est sous contrôle, mon trésor (ou « ma joie ») », la formule est celle employée par un ami du père de la réalisatrice pour lui annoncer l’emprisonnement de ce dernier. Son père a, en effet, été arrêté après avoir tenté de fuir vers l’Espagne depuis le Maroc … en jet-ski. Si cette introduction balançant entre tragique et cocasserie dessine d’emblée une figure de père charismatique, le film, en s’intéressant à là où il a grandi, déjoue progressivement la fascination pour les itinéraires tout tracés de gangsters. Retrouvant comme chaque année sa famille paternelle ; filmant sa tante, son oncle, l’un de ses petits cousins ; captant leur quotidien et le sien ; recueillant leurs témoignages sur la jeunesse de son père ; Chloé Lecci López livre une chronique plurielle et sensible. À travers la rencontre avec Giulio – qui confie avec franchise ses doutes et désirs à la cinéaste, comme son choix d’une vie possible loin de la délinquance –, le film excède le seul journal familial pour rappeler la multiplicité des itinéraires de vie, et la nécessité de dépasser les clichés.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
