Résumé
Kevin est un garçon fugueur, casseur, mutique, avec une oreille coupée. On dit de lui qu’il souffre d’une forme d’autisme si sévère que la plupart des institutions refusent de l’accueillir. Depuis qu’il a 14 ans, Clémence Hébert lui rend visite avec sa caméra. Aujourd’hui, il en a 18. D’un lieu de vie à l’autre, dans l’incertitude de l’avenir, ce film nous invite à appréhender un tout autre rapport au monde.
L'avis de Tënk
Tirant les enseignements du travail de Fernand Deligny, Clémence Hébert ne cherche pas à percer le mystère de Kev. Les gestes et les sons du jeune homme apparaissent comme des modes d’expression à part entière, sur lesquels il n’est pas nécessaire de plaquer des mots. La caméra prolonge le regard de la cinéaste, s’approche ou s’éloigne et laisse Kev en faire de même. Par ces interactions constantes, le film déborde de la thématique de l’autisme : la différence de Kev ne fait que rendre plus évidente la distance irréductible qui nous sépare d’autrui et la nécessité pour les cinéastes de se positionner à chaque instant, au sens propre comme au sens figuré.
Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
critique pour Critikat