Résumé
« Tout n’était qu’un film » dira Berthold Barluschke, alias Knut Dammasch, alias IM (« collaborateur informel ») Michael, ancien de la Stasi est-allemande. Pourvoyeur de devises occidentales pour la RDA, puis marchand d’armes, agent de la CIA, puis récupéré par les services de renseignements ouest-allemands. En tant qu’« éclaireur de la paix », selon le jargon officiel de la RDA pour un espion affecté à étranger, il était parvenu à échapper à un avenir tout tracé dans sa « patrie du socialisme réel ». Envoyé aux États-Unis, il y vécut sous couvert d’homme d’affaires sans histoires avec femme et enfants. Des missions le menèrent tout autour du globe. Jusqu’ici, la geste reste intacte…
L'avis de Tënk
Barluschke, agent multiple et transfuge aux identités fluctuantes, affirme qu’il a « toujours été honnête envers son officier supérieur », alors qu’il est en train de se perdre dans le tissu de mensonges de sa vie familiale et de son passé qu'il déroule devant la caméra de Thomas Heise. Dans un jeu d'alternance de distance et de proximité qui lui est cher, ce dernier tente d'esquisser le psychogramme d'un homme haut en couleurs qui « s'est égaré dans la seconde moitié du 20e siècle dans son désir d'être spécial. Un homme à la solde d'idéologies changeantes, dont il ne se souvient pas des objectifs. Qui transforme en légende ce qu'il croit être sa vie » (T.H.). Mais sans vraiment y parvenir – et pris au piège notamment par les images de contrôle et de surveillance que sont son « private footage » familial. Conclusion en guise de générique de fin : « L'identité est un mythe ». Générique de fin d'une histoire à autant de débuts possibles que de fins ouvertes…
Jürgen Ellinghaus
Programmateur, réalisateur