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94 min
Allemagne, 2018

Production : RBB (Rundfunk Berlin-Brandenburg), Medienboard Berlin-Brandenburg
Russe, Allemand
Français, Anglais

Les films de Sergueï Loznitsa



Résumé


Le mémorial de guerre soviétique situé dans le parc de Treptow à Berlin-Est, le plus grand de ce type en dehors de l’Union soviétique, héritage d’un demi-siècle de présence soviétique, est l’un des plus impressionnants monuments commémorant la Seconde Guerre mondiale dans la capitale allemande. Le “Jour de la Victoire”, une fête traditionnelle perdurant jusqu’à aujourd’hui, a été instauré dans toute l’URSS et dans les pays de l’ancien bloc de l’Est afin de célébrer la mémoire des exploits de l’Armée rouge et des souffrances de la population soviétique pendant la “Grande Guerre patriotique”. Depuis le milieu des années 1990 et le retrait des dernières troupes russes de l’Allemagne réunifiée, chaque année, le 9 mai, date de la victoire sur l’Allemagne nazie au temps de Moscou, le mémorial, également cimetière militaire où des milliers de soldats de l’Armée Rouge ont été enterrés, devient le cadre d’un vaste rassemblement…

L'avis de Tënk


Ouvrant et clôturant son film par une chanson pas franchement va-t-en guerre du "Brassens soviétique" Bulat Šalvovič Okudžava, Serguëi Loznitsa nous plonge, avec "Den' Pobedy", dans un étrange festival de retrouvailles. Des néo-patriotes russes y côtoient des archo-stalinistes allemands, de simples civils y croisent des militaires et para-militaires… Dans un entre-soi confondant, on trinque sur la fosse commune numérotée, on pousse la chansonnette face aux bas-reliefs qui figent en pierre taillée la geste des batailles passées, on guinche au rythme de "Born in the USSR"… Le réalisateur ne se contente pas ici de l'observation des faits et gestes de ces pèlerins dévots. De la continuité de leur flux incessant suggérée par le truchement de l'objectif et l'intensification du son, il fait émerger, dans un mouvement allant du dehors au dedans, du geste bruyamment profane (voire profanant) au silence sacré et à l'apothéose sous la coupole du mémorial, une autre continuité : celle, idéologique, d'un pouvoir politique bien réel et contemporain et de son soft-power à l'œuvre.

 

 

Jürgen Ellinghaus
Réalisateur

 

 

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