Résumé
Yango jouait aux osselets ce jour-là, comme les autres jours. Il regrettera toute sa vie d’avoir vendu à un aimable inconnu le fétiche qui fait tomber la pluie. Mais l’eau salvatrice surgira des entrailles de la terre.
L'avis de Tënk
L'Enfant et la pluie représente un autre versant du cinéma de l'aventureux Mario Marret, et un tout autre terrain que les pôles. Il fut en effet aussi un filmeur de l'Afrique (et de l'Amérique latine), allant jusqu'à épouser les luttes indépendantistes, documentant notamment celle de la Guinée dans Nossa Terra (1966). L'Enfant et la pluie correspond à une veine qui a quelque chose du conte documentaire, où se croisent le filmeur et le conteur extrêmement inspirés qui cohabitaient en Mario Marret. Il exprime ici aussi cet intérêt profond pour les cultures locales, ici celles de la fameuse Falaise de Bandiagara en pays Dogon, bien connue des amateurs de Jean Rouch, qui la filma à plusieurs reprises. En s'agençant au personnage de Yango, un jeune garçon qui a rompu la tradition, Marret met en partage un récit initiatique superbe, où le commentaire parvient à éviter le surplomb. Il nous met, au contraire, en présence du regard de Yango sur son propre monde, puis dans un second temps de sa découverte d'un monde qui s'élargit à la faveur de sa fuite.
Arnaud Hée
Programmateur, enseignant et critique