Résumé
Depuis quatre ans, le capitaine et les marins ukrainiens de l’Odessa sont bloqués sur leur navire dans le port de Naples. L’armateur d’État, compagnie de l’âge soviétique, a fait faillite. L’équipage a vécu le froid, la faim, la solidarité des gens du port ou des familles, sans jamais cesser d’entretenir le navire, dans l’espoir qu’un repreneur paierait leurs salaires et leur rendrait leur métier. Les mouvements de l’histoire semblent avoir condamné cette poignée de marins devenus fantômes d’un autre temps. Enfin le tribunal de Naples boucle le dossier de rachat : le repreneur n’est autre que la version “privée” des anciens patrons. Les hommes de l’Odessa vont être remplacés, le navire va rentrer au pays. Ils ne sont plus que des sans-papiers en terre étrangère, criblés de dettes. La maladie a emporté trois d’entre eux. Le tribunal n’a pas reconnu leurs cinq ans de courage.
L'avis de Tënk
Imaginez que Duras et Eisenstein aient fait fait un film ensemble, ça aurait pu être "Les Sept Marins de l’Odessa".
Les réalisateurs napolitains Leonardo di Costanzo et Bruno Oliviero filment une suspension tragique, russe, dans la baie de Naples. Les marins sans salaire, sans liberté tiennent leur paquebot 5 ans durant comme c’est leur devoir, pensent-ils, cependant que la Russie, l’Italie, la justice, les hommes d’affaires se gaussent de leur tenue morale et les plument sans vergogne.
Un des premiers plans du film est inoubliable : Anatoli danse avec passion, seul, une guirlande nous dit que c’est Noël, il est tellement seul qu’il saisit le panettone comme partenaire et l’on comprend que sa famille est si loin qu’il ne la reverra peut être jamais… C’est un film où alterne l’ambiance incroyable de désastre sur le bateau avec les moments fous au palais de justice de Naples qui promettent tant, remettent toujours à plus tard le verdict. Comme deux cinématographies qui s’affronteraient (Duras et Eisenstein)…
Claire Simon
Réalisatrice