Résumé
Des lettres, écrites de Stalingrad, par des soldats allemands à leur famille à la veille de la défaite de 1943. Jugées trop pessimistes par la censure, elles ne seront jamais distribuées. Retrouvées après la guerre, il y a, entre autres, la lettre d’un pianiste annonçant à sa femme que ses doigts ont gelé et qu’il a vu un homme jouer sur un piano intact au milieu des ruines, celle de l’homme qui pleure la nuit, disloqué par la peur, car il a pulvérisé deux chars russes et tué des soldats ; celle d’un fils à son père pasteur, qui dans ce chaos, cherche Dieu… Des mots lus sur des archives filmées allemandes et russes et des photos tirées de “Signal”, une revue allemande de propagande de l’époque. Des mots qui restent longtemps en mémoire et redonnent corps à ces correspondances
L'avis de Tënk
La photo d'une femme souriante en tenue de plage juxtaposée à celle de cadavres à moitiés ensevelis : Jacqueline Veuve déconstruit aussi bien les images du bonheur à l'arrière que celles du front fournies par la propagande. Elle questionne la vérité des unes comme des autres. À travers ces lettres de Stalingrad, nous assistons à la fin des illusions… Au-delà des privations et de la souffrance, les soldats nous racontent d'abord la perte de leur foi en un régime, une nation, un dieu… Nous reste leur lucidité sur l'inéluctable chemin vers une mort absurde et inutile. Leur vérité de la guerre.
Éva Tourrent
Réalisatrice, responsable artistique de Tënk