Résumé
Le cyclone Dean a retourné le sol de la Martinique : un cimetière d’esclavisés a resurgi. À l’hôpital psychiatrique se formule l’idée d’associer ce dernier à une démarche curative inédite. Le film entremêle la parole des vivants, le soin des corps, l’empreinte coloniale et le récit des plantes.
L'avis de Tënk
Au détour d’une scène apparait une séquence de Tu crois que la terre est chose morte, le film précédent de Florence Lazar, comme un trait d’union subtil entre ces deux histoires, mais peut-être plus encore avec ses personnages qui viennent de nouveau habiter l’espace de ce film. Les mots naissent au travers de groupes de parole, ou lors de la traversée des lieux. « En créole le terme de paysage n’existe pas, on parle plutôt “d’alentour“, c’est un ensemble d’interactions ». Et c’est bien de cela qu’il s’agit : saisir, sentir, lire les interrelations. Ses personnages déambulent donc dans des lieux aux alentours épais comme des histoires enfouies, notamment au travers des plantes qui y poussent et qui semblent chacune receler une partie de cette mémoire. « Les plantes sont porteuses de messages. Elles sont les intercesseuses entre les vivants et les morts, les ancêtres et les invisibles ». Le film se fait alors réceptacle de récits qui semblent surgir du lieu lui-même, afin de démêler les strates des histoires vécues et de résister ainsi à l’histoire coloniale.
Julia Pinget
Réalisatrice