Jamal est condamné à l’attente, isolé au cœur d’une Athènes aux ciels bas et lourds, loin des images des cartes postales. Figure contemporaine de Sisyphe, il semble enfermé dans une boucle sans fin, toujours ramené aux mêmes murs. « Je suis resté dans le mur », murmure-t-il, dans un sourire fragile. Il a fui l’Algérie, où l’avenir se dessinait en forme d’impasse, entre frustration et addiction. Son grec fluide laisse deviner des années passées ici, pourtant, il reste en dehors de la société, loin des regards. Il attend. Des papiers, un statut, un avenir. Dans une mise en scène sobre, Nina Alexandraki et Eleftherios Panagiotou choisissent de se tenir à ses côtés, captent sa solitude, mais aussi les gestes qui structurent son quotidien : prendre des nouvelles de ses amis, nettoyer, réorganiser ses espaces, écrire, crier… chanter… Des gestes répétés qui deviennent peu à peu actes de résistance. Car dans cette répétition sans fin, il y a la force d’un homme qui refuse de disparaître.

Pauline David
Programmatrice, directrice du festival En ville ! (Bruxelles)