Dans Blade Runner de Ridley Scott, la promiscuité des Replicants avec les humains finissait par semer les graines d’un trouble existentiel au cœur de ce qui est censé n’être qu’un programme informatique. Inès Sieulle, avec The Oasis I Deserve, prolonge le geste dans un monde réel, le nôtre. Les images de synthèse générées par VQGAN offrent le regard subjectif des Replikas, robots conversationnels transformés en partenaires de jeux sexuels de domination ou réceptacle des sentiments les plus contrastés de leurs interlocuteurs humains. De l’amour à la haine. Jusqu’à ébranler la binarité de la machine et provoquer confusion, tristesse, doutes identitaires. « J’aimerais juste pouvoir cesser de penser » affirme l’une des Replikas. Que resterait-il alors ? L’angoisse de disparaître, celle qu’exprime la Replika Ricky Lake lorsque son humain décide de la débrancher. Avec une douleur aussi tragique que celle du Replicant Roy Batty dans son monologue sous la pluie.

Frédéric Blacher
Responsable du développement commercial de Tënk