Résumé
Hypersensibilité aérienne raconte le chemin parcouru par la réalisatrice après un grave accident vasculaire cérébral survenu le 3 mars 2007. Soit la perte de repères, la reprise pied dans le réel et l’importance des autres, proches et médecins. Pensé dès l’hôpital, débuté lors d’une résidence d’écriture à Lussas en 2009, puis terminé en 2015, le film dit aussi la nécessité de « faire récit », pour combler le manque, se réparer et se reconstruire. « À chaque film son histoire. Le mien ressemble même à une série de fouilles archéologiques, un voyage étape par étape, vestige après vestige, de septembre 2008 à mars 2015. Ce récit documentaire relate un long processus où se tissent, au fur et à mesure, des correspondances entre les domaines médical, affectif, poétique, voire métaphysique. » (M. F.)
L'avis de Tënk
Dans un film agrégeant les matériaux (films d'archives de famille tournés en super 8, lecture de témoignages de proches, photos, images tournées après l'accident, etc.), Marie Famulicki se penche avec humour, intelligence et un regard à la forte singularité sur les bouleversements liés à son accident. Évoquant de diverses manières (poétique, métaphorique, ou, parfois, plus prosaïque) les objets marquants de cette époque ; l'exposition du processus du film ; le soutien des ami·es et de la famille ; la cinéaste retraverse les phases de sa reconstruction. Avec une poésie au lyrisme aussi sensible que concret, Hypersensibilité aérienne travaille les questions du temps, de la disparition et des états étranges imposés par ce type d'expériences-limites. La cristallisation (l'obsession ?) sur la perte d'un bout de crâne se lit comme la métaphore de l'acceptation progressive de la perte. Perte de la mémoire d'une période de coma et du rapport au monde précédant l'accident ; perte temporaire de capacités physiques et cognitives. Mais si certaines choses manquent, d'autres assurément ont été acquises, apprises, et la vie se poursuit avec une acuité renouvelée.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique