Résumé
Un film tourné le long du gigantesque mur de séparation érigé en Cisjordanie par l’armée israélienne. Dans une approche documentaire originale, le film longe le tracé de séparation qui éventre l’un des paysages les plus chargés d’histoire du monde. Sur le chantier du mur, les mots du quotidien et les chants du sacré, en hébreu et en arabe, résistent aux discours de la guerre et se fraient un chemin dans le fracas des foreuses et des bulldozers. Une méditation cinématographique personnelle sur la folie et l’absurdité moyen-orientale, proposée par une réalisatrice à la fois juive et arabe.
L'avis de Tënk
La construction de ce mur en panneaux de béton est filmée et le hors-champ parle. Le fait même de filmer interpelle les passants qui dialoguent avec Simone Bitton en hébreu ou en arabe selon les cas. Le mur a été érigé et il incarne le conflit israélo-arabe en Israël. On regarde et ça parle. On entend comment il détruit la vie des habitants. C’est donc une position physique qui structure ce film : face au mur que l’on regarde obstinément et à côté ou derrière, les paroles que suscitent cet écran de béton qui bouche la vue et la vie. Le film suit le parcours de ce mur à travers Israël , comment il emprisonne des villages, les sépare de leurs terres, oblige les gens à l’escalader avec leurs enfants en risquant leur vie pour aller travailler. L’obstination à ne pas lâcher la figure centrale du mur nous fait faire l’expérience cinématographique de la violence d’un choix gouvernemental accablant, dont un représentant dans le film s’explique. On pense au mur d’avant, le Mur de Berlin, comme au mur entre le Mexique et les USA. Le film est fort de sa détermination et impuissant devant la brutalité que ce monument sans fin, ode à la haine, incarne.
Claire Simon
Réalisatrice