Résumé
Ruth Zylberman a choisi au hasard un immeuble dont elle ne savait rien. Pendant plusieurs années, elle a enquêté pour retrouver les anciens locataires du 209, rue Saint-Maur dans le Xe arrondissement de Paris, et reconstituer l’histoire de cette communauté humaine pendant l’Occupation. Elle a retrouvé les survivants à Paris, en banlieue, en province, dans le monde entier. Elle les a filmés, ainsi que les pierres et les habitants de l’immeuble aujourd’hui, pour redonner vie à ces histoires oubliées.
L'avis de Tënk
Que peut le cinéma ? À cette question sans cesse relancée, le film de Ruth Zylberman apporte une réponse – et pour ma part une certitude : le cinéma est grand. Et Les Enfants du 209 Rue Saint-Maur, en situant son champ d’action dans un immeuble parisien, et dans la cour de celui-ci, accomplit des miracles. Il les accomplit avec les moyens propres du cinéma, les moyens substantiels de l’enregistrement et du montage, et du récit, étendus aux puissances de l’investigation historique, aux ressources d’une enquête au long cours dont il nous expose ici, dans le temps et dans l’espace, le processus, les données et les témoignages. Et si l’émotion nous étreint à plusieurs reprises tout au long du film, je retiens ces moments bouleversants entre tous où un nom de famille oublié, soufflé par Ruth Zylberman, vient illuminer le visage de Miquette et de Faïvel ; ou lorsqu’un souvenir émerge à la faveur des questions et des évocations que le film suscite auprès des témoins.
« J’espère que dans tout ce chaos, ils ont été heureux, ici. C’est un bel endroit. »
Fabien David
Programmateur du cinéma Le Bourguet de Forcalquier