Au début des années 1970, Alfred Kaiser, artiste plasticien, travaillait comme chercheur associé aux archives du Film Museum de Vienne : il avait donc accès illimité aux films de l'époque nazie (encore interdits en Autriche) et la possibilité d'étudier les copies en profondeur sur une table de montage. Influencé par l'œuvre hyper-montée et déconstruite de Peter Kubelka, Kaiser réalise Ein drittes Reich comme une constellation évocatrice d'images et de sons à partir d'une abondance d'extraits hétérogènes, glanés dans des documentaires de vulgarisation, des films industriels, des films de fiction, ainsi que dans des films d'actualités nazis et des films d'amateurs des années 1930 et 1940. Le résultat est une composition hyper-dense et explosive aux multiples facettes qui découle d'une collision analytique de métaphores sonores et visuelles. Sa critique conceptuelle et son humour lucide servent à la fois à illustrer et à démolir le monde de la pensée et de l'imaginaire nazis.

Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant