Résumé
En Seine-Saint-Denis, des années durant, des familles roumaines cherchent des lieux où vivre. Devenus compagnons de route lors de luttes contre les expulsions, nous fabriquons ce film ensemble, comme autant de maisons ouvertes. Cheminant de villages quittés en bidonvilles, squats et cités, l’intimité de leurs récits se confronte à une banlieue en constante mutation. Des grands ensembles jusqu’au Grand Paris, leurs trajectoires retissent une histoire commune, celle de solidarités habitantes refusant la relégation.
L'avis de Tënk
Ext. Nuit. Deux gars dans une voiture à l’arrêt. Ils fument. Décor urbain, rue déserte. Première séquence d’un film noir, bien trop réel. Ici la nuit n’est pas américaine, et les discussions tournent autour de papiers en règle, tentes de fortune et Roms qui dorment dans leur voiture. Porté par les récits de Cristian, Raluca, Iulian, Simona et les autres, A Lua Platz accompagne une communauté roumaine installée dans des baraquements à la Courneuve depuis trop longtemps, en lutte pour un logement décent. Long métrage magnifique et inclassable, entrelacs libres de formes cinématographiques et fragments d’histoires filmés entre 2013 et 2018, c'est aussi une traversée de la banlieue, d’hier et d’aujourd’hui. Celles des bidonvilles, des terrains vagues et des maisons laissées à l’abandon, qui pourraient tant accueillir celles et ceux qui n’ont pas de toit. Jeremy Gravayat a participé aux combats collectifs pour le droit au logement comme militant avant de passer à la réalisation. Son film est le lieu de ces possibles.
Pauline David
Programmatrice, directrice du festival En ville ! (Bruxelles)
