Résumé
Les trains roulent et s’immiscent dans le silence somnolant d’une petite gare. Le cliquetis, le sifflement et le tonnerre des roues de locomotives disparaissent dans la nuit, sans pourtant réveiller les gens dans la gare. Ils continuent de dormir d’un sommeil léthargique. Qu’attendent-ils ? Qu’est-ce qui les tirera de leur torpeur ?
L'avis de Tënk
Le temps semble s’être arrêté… Mais le chant des grillons, les grincements du bois, le ruissellement de l’eau et le sifflement du blizzard simule le passage du temps. Cet univers sonore recouvre d’une texture inquiétante les plans fixes à la beauté picturale, au jeu d’ombres floutées sur les corps endormis. Des saisons s’enchaînent sans interrompre le sommeil de cette communauté en attente, aux corps abandonnés sourds aux bruits du temps, comme des passagers oubliés ou ensorcelés. Cette sublime composition se révèle métaphore de la situation de la population russe que Sergei Loznitsa considèrerait comme errant encore dans un état de léthargie avancée à la fin des années 90.
Christophe Postic et Pascale Paulat
Co-directeurs artistiques du festival des États généraux du documentaire à Lussas