Résumé
Tournée à Copenhague chez Carl Theodor Dreyer, cette conversation rappelle les caractéristiques de son cinéma : plans longs, omniprésence des visages. Le cinéaste y livre, en français, ses réflexions sur son rapport au comédien, l’art du cinéma, ses recherches sur le montage et le mouvement.
L'avis de Tënk
On entre dans le film comme on en sort, par une musique sacrée. C’est le ton Dreyer, tout de suite bousculé par un ton Godard que Rohmer emploie dès que possible, où Anna Karina, comme dans "Vivre sa vie" pleure devant Jeanne d’arc et lit avec sa beauté et son innocence d’actrice du muet des phrases bien senties. On entre doucement dans Copenhague qui abrite un grand maître austère. Janine Bazin et André Labarthe rencontrent quelques collaborateurs et acteurs-trices pour approcher le cas Dreyer, décrit comme un taiseux calme et méticuleux… Quand l’entretien avec le cinéaste démarre on découvre son beau visage, inquiet de bien répondre, poli, parlant français… Les questions révèlent la volonté de ceux de la Nouvelle Vague de fabriquer des maîtres de cinéma. Tentative déjouée par Dreyer uniquement habité par l’ambition de son œuvre : décrire les folies, les miracles et les impasses de la foi. "Les plans sont longs pour qu’on comprenne ce que disent les acteurs" est la seule réponse directe qu’il parvient à concéder. La figure du maître qu’essaye de construire Labarthe ne semble pas atteindre Dreyer, si préoccupé d’oser vouloir converser avec le Diable les apôtres, Calvin et Satan…
Claire Simon
Réalisatrice