Résumé
Le réalisateur Frank Cassenti tire le portrait du saxophoniste américain, Archie Shepp, rencontré en 1983 à Paris. Boulevard Barbès ou en répétition sur la scène du New Morning, Shepp donne libre court à une malice bienveillante qui lui permet de réduire la distance qui le sépare de celui qui le regarde pour imposer plus simplement sa musique, jazz, pour laquelle il aimerait trouver un autre nom, puisque lui, chante une histoire qui remonte à l’esclavage. Archie Shepp a des choses à dire… Cassenti suit et s’intéresse à la conversation : propos sur un blues éternel, hommage furtif à John Coltrane ou lecture d’Arthur Rimbaud. Recueillie, la parole peut laisser place à une interprétation magistrale de “Things Have Got To Change” ou à un solo de saxophone offert sur un trottoir.
L'avis de Tënk
Ponctuant son film de deux phrases, apparemment contradictoires : "Je n'aime pas le mot de jazz, mais j'aime le cinéma" et "Je suis jazz, c'est ma vie", Frank Cassenti réalise avec Archie Shepp une leçon éloquente autour du mot "jazz". La phrase-titre pourrait aussi sortir des lèvres du réalisateur qui a initié un festival de jazz qu'il considère comme son plus beau film. Il tourne collé à un Shepp au son de saxophone inimitable, rappeur, slameur, poète, improvisateur de chaque moment.
Montant les paroles et musiques en résonances, créant un blues en associant deux séquences, fixant le visage du musicien transfiguré sur scène, Cassenti aussi est jazz, filme jazz, jusqu'au générique de fin.
François Waledisch
Ingénieur du son