Yanira Yariv reprend les célèbres vers d'Ovide pour mettre en scène le désir impérieux de transformation. Bien que les agressions soient au cœur de ces récits antiques, c'est avant tout une beauté solaire et une douceur chuchotante qui émane de son film. Elle filme le mouvement : la lumière, la rivière, le vent dans les arbres qui entourent ses protagonistes – toutes des personnes trans – et les transforme en corps-paysages. La parole elle aussi est mouvante ; du poème on glisse vers leur récit intime et c'est une émotion vibrante qui naît quand les personnes quittent le jeu pour nous raconter, avec leurs mots, leurs amours et leurs sexualités. La transition synonyme de rupture – le passage d'un genre à l'autre – et d'abandon, – de manières de faire, de bouger, de s'habiller, de parties de son corps parfois, et aussi, le plus souvent malheureusement, d'une partie de son entourage – nous apparaît à travers ces poème-témoignages comme une variation, plus ou moins affirmée, mais profondément (pour ne pas dire naturellement…) ancrée en chacun·e de nous.

Lysa Heurtier Manzanares
Réalisatrice