Résumé
Paris, entre quatre et six heures du matin, livré aux mains des femmes. Ces ouvrières nettoyeuses, ignorées du monde moderne, font les matins propres de ceux pour qui la journée ne commence que quelques heures plus tard.
L'avis de Tënk
Jacques Krier était un des pionniers du reportage à la télévision publique française : membre du PCF et cofondateur du syndicat des réalisateurs CGT. Dans la télévision des années 1960, corsetée par le pouvoir gaulliste, il filme souvent le quotidien difficile des paysans, pêcheurs, mineurs, montagnards ou enseignants. Dans "Les Matinales", il suit pendant plusieurs semaines la vie des femmes de ménage qui, entre la fin de la nuit et le petit matin, prennent le premier métro pour venir nettoyer bureaux, cafés, magasins, gares. Ces "ouvrières nettoyeuses" sont mal payées, âgées, fatiguées. Pour mieux les saisir dans leur vérité, humanité et beauté, Krier les filme en 16 mm noir et blanc sans éclairage, ce qui, à l'époque, relevait de la prouesse technique et du geste expérimental.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant