On connaissait Martin Kollár le chef-opérateur, mais surtout le photographe fin observateur de la tectonique des plaques et des failles issues de l'effondrement du système soviétique, puis de bien d'autres secousses qui ne cessent de métamorphoser notre monde. Le voici auteur d'un album d'images animées truffé d'incongruités et de bizarreries mais tourné cette fois vers l'intérieur d'un être qui, parmi ses plus proches, traverse un moment crucial de son existence. Au frère-réalisateur de l'impressionnant ermite à vélo de transformer cette traversée à l'issue incertaine en road movie contemplatif où la peur de la mort, palpable, est jugulée par le réenchantement du monde à l'aide de sa seule caméra. Par ses arrangements ultra-précis, axes et angles carrés, alliant le minimalisme à l'humour qui lui est propre, il accompagne la marche d'un homme qui va à la rencontre de la nature – et de son destin.

Jürgen Ellinghaus
Programmateur, réalisateur