Le dispositif fictionnel employé ici pour bâtir ce portrait utilise des moyens nouveaux d’écriture documentaire. Si l’on peut déplorer sonorement, l’emploi du lieu commun du « cœur qui bat » signifiant une approche subjective du sujet, visuellement, une nouvelle palette de variables entre en jeu. Elle permet de construire cette forme expérimentalement en s’augmentant d’extraits de différentes archives médiatiques. L’existence du musicien se développe peu à peu sous la conduite d’un avatar endossé par le réalisateur. Si le film s’ouvre dans l’irréalité de La Jetée de Chris Marker ; pour finir, un bel effet de réel renversera la donne. Une vie menée en France en clandestinité dans le refus de vivre dans une Tunisie laissée aux mains de mafias, la contrainte de devoir supporter un corps blessé privant de toute possibilité de jouer son instrument, autant de facteurs qui nous tiennent dans une proximité sensible avec cet artiste musicien.

Daniel Deshays
Ingénieur du son