Résumé
La chronique d’une petite pharmacie du Vancouver Downtown Eastside, un des quartiers les plus pauvres d’Amérique du Nord. Adaptée aux résidents de ce quartier, la East Hastings Pharmacy dispense un type limité de traitement, dont la méthadone, un produit visant à se substituer à la consommation d’héroïne. La plupart des patients n’ayant pas droit aux « carries » (doses à emporter), ils passent par la pharmacie tous les jours pour prendre leur médication sous les yeux de la nouvelle pharmacienne, Heather, garante du bon déroulement de chaque prise. Pour des raisons qui tiennent au maintien de la sérénité de ces lieux particuliers, le décor d’une pharmacie a été recréé dans un ancien espace commercial de l’artère principale du quartier. La plupart des intervenants sont des habitués de ces pharmacies qui, à travers différents dispositifs d’improvisation, jouent leur propre rôle ou celui de personnes qu’ils connaissent et côtoient.
L'avis de Tënk
La recréation, par le décor, d'un espace-monde comme celui présenté dans le film d'Antoine Bourges, n'a rien d'anodin ou d'évident dans l'exercice filmique. Dans le huis-clos de cette pharmacie, le rituel quotidien et intransgressible des usagers est régi selon les deux côtés d’une vitre : d'un côté la pharmacienne, ne pouvant déroger aux prescriptions des doses par les médecins, et de l'autre les usagers dans leur état de dépendance à ces doses et à ce rendez-vous quotidien.
La force du film réside alors en ce que les scènes ont été travaillées par des usagers du Eastside, volontaires à mettre en scène ce rituel et ce qu'il implique dans leurs vies. Un dispositif rigoureux, mais ouvrant incroyablement au hors-champ de ce quartier défavorisé de Vancouver.
Aurélien Marsais
Coordinateur de la programmation à Visions du Réel - Festival international de cinéma Nyon