Résumé
Une rivière s’écoule vers la mer à travers un réseau de zones humides, de marais salants et d’usines pétrochimiques. Un glacier en train de fondre, dont la surface est recouverte d’un tissu protecteur, attire encore les touristes. “Slow Return” jette un pont entre les extrémités du Rhône, où l’environnement naturel est une ressource et une marchandise, et explore les héritages communs de dépendance et d’exploitation ancrés dans leurs paysages.
L'avis de Tënk
Si le cinéma documentaire est un voyage, le film de Philip Cartelli est une odyssée. Mais une odyssée à l’échelle du collectif, qui replace sur un pied d’égalité le cinéma direct, le dispositif anthropologique et l’expérience sensible, rien de moins. En regardant "Slow Return", c’est à toute une famille de films amis qu’on pense. À ceux de Dominique Marchais pour le goût du territoire. À "Alpi" d’Armin Linke pour cette mise à nu de l’écorce des Alpes. On pense aussi aux errances du philosophe Matthieu Duperrex dans les Bouches du Rhône ou à un cinéma ethnographique primitif, au regard attentif que les pionniers posaient sur des communautés humaines. Cartelli est un cinéaste qui fonctionne tout en retenue, comme un barrage de montagne. Il nous laisse le temps de respirer les détails du monde. Ils sont parfois anodins mais rassemblés par notre subjectivité et notre attention, ils nous permettent de recomposer ces territoires, de saisir que ce lent retour est une opportunité de retrouver un chemin tout à fait intérieur.
Benoît Hické
Programmateur et enseignant