Résumé
Le “Fango Rosso” (littéralement “boue rouge”) est le déchet toxique de l’extraction minière. Il recouvre les collines du Sulcis en Sardaigne, terre où la beauté étonnante du paysage se heurte à une histoire de promesses trahies, au progrès comme mirage, à la politique comme tromperie. Damiano et Mattia passent leurs après-midis à l’ombre des ruines de la mine. Ils ont un peu plus de trente ans, mais on pourrait les prendre pour des adolescents. Ils grimpent sur des murs instables, ils se cachent dans des ravins sombres, ils allument leurs torches à la recherche de quelque chose que nous ne connaissons pas. Libres, comme deux aventuriers d’un pays endormi.
L'avis de Tënk
Quelque chose a bouleversé le monde à jamais : l'ordre des choses n'est plus le même, une rupture brutale s'est produite entre la planète des pères et celle des enfants. Tourné vers l'avenir, le jeune cinéaste sarde Alberto Diana interroge la terre où il a grandi, le Sulcis, riche en matières premières, source de travail acharné et d'attentes frustrées. Dans un pays à la beauté primitive, les deux protagonistes évoluent, trentenaires engagés politiquement et rêveurs irrécupérables. Comme Don Quichotte et Sancho Panza, ils affrontent un royaume qui déploie sa nature de terre blessée par l'homme, mais qui est aussi prête à renaître avec toute la fierté indomptée de sa sauvagerie. Un voyage sans véritable but, car (comme le souligne la fin) la véritable histoire sera réécrite par d'autres, tant que nous aurons l'esprit suffisamment ouvert pour accueillir de nouvelles langues et de nouvelles formes de société.
Daniela Persico
Programmatrice et critique