Résumé
Une rêverie habitée dans une maison de retraite d’Istanbul dont les résidents vivent leurs derniers jours : un photographe qui ne voit pas, un Casanova vieillissant qui tente encore de faire du charme et de séduire, une Arménienne qui a survécu au génocide il y a 100 ans mais craint encore de raconter son histoire et deux farceurs qui jouent à détourner l’ascenseur de l’établissement. Pendant ce temps, au dehors, de jeunes ouvriers du bâtiment transforment le paysage en construisant un tout nouvel univers de gratte-ciels. Le temps s’estompe et les rêves se mêlent à la réalité, tandis qu’à l’extérieur le monde change rapidement.
L'avis de Tënk
"Je ne vois pas, je ne vois pas. Je vais prendre une photo. Je ne vois pas, je ne vois pas. Mes yeux…"
Shevaun Mizrahi a tourné "Distant Constellation" seule, et sur plusieurs années. De quoi savoir bien regarder ses personnages, avec ses yeux comme habitués au lieu, comme on s'habitue à l'obscurité pour y percevoir les détails et y déceler les possibles beautés. Un film "méditatif", assurément, où le présent semble en permanence vouloir se faire une place entre passé (les souvenirs) et futur (les inquiétudes). Et c'est dans ces moments où la réalisatrice parvient à fixer le présent – un jeu de sale gosse, du piano, une séance d'hypnose – que la poésie nous parvient.
Jérémie Jorrand
Responsable de l'éditorial et de la programmation de Tënk