Résumé
Avec ironie et sans concessions, Cecilia Mangini dénonce le mythe du consumérisme et de la mode en suivant les regards curieux et impatients des enfants qui s’approchent des étals de la Piazza Navona, à Rome, le jour de l’Épiphanie.
L'avis de Tënk
Brillant pamphlet anti-consumériste très en avance sur son temps. En pleine période de boom économique, tous les rituels compulsifs et aliénants des achats de Noël sont pris pour cible à travers un montage tourbillonnant et sarcastique, jusqu'à aboutir à un portrait expressionniste insoutenable de la petite bourgeoisie enchantée par le faux bonheur de la marchandise et le simulacre de l'argent. N'ayant pas encore à sa disposition les outils du cinéma direct, Mangini expérimente l'asynchronisme comme arme de lutte idéologique, se lançant dans une rythmique audiovisuelle effrénée. Elle nous envoie ainsi en pleine figure des analogies féroces, sur le plan historique et économique. Brecht, pour son ironie virulente, et Eisenstein, pour sa théorie du montage des attractions et du ciné-poing, sont les deux figures tutélaires de ce document cinématographique grotesque et haut en couleur, qui surprend encore aujourd'hui par son audace et sa cruauté.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant