Résumé
C’est avec ce court documentaire poétique, sorti en 1971, qu’Alanis Obomsawin a entamé son parcours derrière la caméra. Filmé dans un pensionnat du nord de l’Ontario, il se compose entièrement de dessins touchants et souvent amusants faits par de jeunes filles et garçons cris, ainsi que d’histoires qu’ils racontent à l’occasion de Noël. Le film donne la parole aux nombreux enfants forcés de fréquenter un pensionnat au Canada et nous fait constater leur beauté et leur résilience.
L'avis de Tënk
Au pensionnat de Moose Factory, c’est le temps de Noël et des activités hivernales : les enfants dessinent et racontent tandis que la caméra glisse avec grâce dans leurs images. Mais ce sont aussi les sons de la nature, les chants de Noël, témoins de l’éducation religieuse forcée, la guitare country et le rythme vif des violons traditionnels cris de la Baie James qui font vivre, pour nous, leur quotidien et leurs imaginaires.
On retrouve dans ce premier film tout ce qui anime la cinéaste : l’enfance, l’éducation, la langue, la lutte pour donner voix à une histoire autochtone, la musique pour résister. Alanis s’est rendue trois années de suite, à Noël, dans ce pensionnat. Aujourd’hui, à 93 ans, elle se souvient de ces moments comme parmi les plus heureux de sa vie.
L’établissement a fermé peu après la sortie du film, en 1976. Mais il faudra attendre plus de trente ans pour que le gouvernement canadien reconnaisse les dommages causés par ces écoles résidentielles, dont l'objectif déclaré était l’évangélisation, l’assimilation des enfants autochtones, et l’effacement d’une culture.
Barberine Feinberg
Programmatrice, Festival international Jean Rouch