Résumé
En 1970, l’ethnologue Germaine Tillion reçoit Claude Santelli chez elle, dans le cadre de l’émission “La porte ouverte”. Alors âgée de 63 ans (elle sera centenaire), celle qui a épousé certains des combats les plus importants du XXe siècle et connu personnellement certaines de ses horreurs, décrit son travail d’ethnologue dans les Aurès au travers d’anecdotes merveilleuses. Choisissant avec précaution ses mots, elle prononce un éloge tout en nuances de l’espèce humaine.
L'avis de Tënk
Cette courte émission, d’une vingtaine de minutes, confine à l’état de grâce. Retraçant une partie seulement de l’existence de Germaine Tillion (son expérience d’ethnologue dans le sud de l’Algérie), elle se contente d’allusions à son engagement dans la Résistance ou son rôle pendant la guerre d’Algérie. Le temps n’est pas encore venu pour Tillion d’évoquer son expérience de Ravensbrück. Ces silences sont pourtant le hors-champ de cet échange, son envers, et en façonnent chacun des propos : le souci constant d’être à la hauteur de l’expérience passée, de la mémoire de ceux qui ne sont plus, de cette humanité qu’elle a côtoyé dans le désert, dans la lutte ou en prison. La parole s’en trouve chargée d’une gravité particulière, comme il est rarement donné à la télévision. Aucun misérabilisme bien au contraire : l’expression d’une incorruptible exigence morale !
Arnaud Lambert
Réalisateur