Résumé
Pendant l’édition 2015 des Etats généraux du film documentaire, à Lussas, le projet de création de Tënk (du terme wolof signifiant « énoncer une pensée de façon claire et concise ») est lancé. Tandis que les équipes s’activent à rechercher partenaires et financements, l’agriculteur Patrice Bauthéac sort l’alambic pour faire de l’eau de vie (épisode 1). C’est la période de la taille des fruitiers et des vignes, autant que des réunions diverses : comité éditorial, assemblée générale de la société naissante, etc. Jean-Paul Roux, le maire, se félicite de ce projet (épisode 2). L’équipe de Tënk plaide à Paris pour la venue de la ministre de la Culture à Lussas pour lancer Tënk et poser la première pierre du bâtiment qui accueillera l’ensemble des activités dédiées au documentaire. Mais l’annulation d’une subvention et la diminution d’autres obligent à de nouvelles mobilisations. Côté champs, Patrice se bat avec les drosophiles qui menacent sa récolte de cerises (épisode 3).
L'avis de Tënk
Situé dans le Sud de l’Ardèche, Lussas, environ 1000 habitants, accueille depuis la fin des années 70 diverses activités autour du film documentaire (festival des États généraux du film documentaire, enseignement, production, diffusion, centre de ressources, etc.). La plupart ont vu le jour sous l’impulsion de Jean-Marie Barbe, enfant du pays et figure locale, dont les parents tenaient l’épicerie du village. De 2015 à 2018, Claire Simon a posé sa caméra dans nos murs, afin de suivre la création de Tënk. Captant le quotidien et les moments forts de la mise en place de la plateforme, la série excède ce seul angle pour embrasser la vie des deux villages. Car si un seul est désigné par l’intitulé, deux villages se révèlent cohabiter et s’interpénétrer : le rural et le documentaire. De l’un à l’autre, des dissemblances et des points communs apparaissent. Reviennent les cruciales questions financières, le souci de trouver un sens à chaque projet, ou encore un désir de cohérence entre les valeurs défendues et leur mise en œuvre. Chronique au long cours, “Le Village” donne à voir sous la forme d’une comédie humaine passionnante des mondes souvent invisibles et traversés de paradoxes. La question de la transmission, comme celle des rapports de hiérarchie affleurent dans nombre d’épisodes. Surtout, en offrant le regard sans angélisme d’une cinéaste sur le territoire qu’elle scrute, “Le Village” rappelle la capacité du cinéma à influer sur le réel, à le transformer, le façonner. Au-delà du témoignage, à mille lieues de l’autopromotion, il se dit comment le documentaire agit sur le monde. La série elle-même en vient à participer à l’avenir des villages (et, donc, de Tënk !), en bouleversant parfois ce qui s’y joue.
L’équipe éditoriale de Tënk