Résumé
Décembre 2010 : la révolution éclate en Tunisie, le pays du père de la réalisatrice. Les cris de fureur du peuple tunisien rejoignent d’une étrange manière l’agitation intérieure qui grandit en elle depuis quelques semaines. Traversant au même moment un épisode maniaco-dépressif d’une grande intensité, elle est diagnostiquée bipolaire et entre en clinique psychiatrique. Au sortir de cette longue dépression, elle n’a presque aucun souvenir de ce moment de vie. Restent des dizaines d’heures de rushes, des centaines de photos, deux carnets remplis d’écrits, de collages, de dessins, précieuses traces palliant à son amnésie.
Dock 66 + modif
L'avis de Tënk
“Je ne me souviens de rien” s’empare de fragments, de matériaux collectés pendant les moments de crises où l’amnésie livre bataille avec l’obsession de garder trace. À partir de ces archives disparates, le montage réussit, sinon le pari cathartique de “recoller les morceaux”, du moins à nous faire éprouver les excès de bonheur et de profond désespoir traversés par Diane Sarah Bourgazhou, ces pics d’émotions contradictoires qui sont le propre de cette maladie. Faisant d’elle un personnage autant irritant qu’attachant. C’est sans doute là où réside la réussite du film : nous faire vivre les paradoxes de la bipolarité, rendant par là-même hommage à ses proches qui, malgré leur désarroi n’ont cessé de l’accompagner.
Éva Tourrent