Résumé
Portrait intime et personnel de la Cinémathèque royale de Belgique (rénovée récemment et rebaptisée Cinematek). Et sur cet écran-là, des éclats du monde, une idée de l’Histoire, de la beauté. Sur cet écran-là, une part congrue d’humanité. Je suis ce que j’ai vu, dixit Matisse. Mais toutes les images vues ne demeurent pas intactes. Et encore moins l’image de soi. Le temps les traverse, les abîme, les martyrise. Et ce délicat épiderme – le nitrate – en est le symptôme. “Archipels nitrate” parle de cinéma et de temps sous la forme d’une partition visuelle et fait coexister une centaine de films au sein d’un seul et même." (Claudio Pazienza)
L'avis de Tënk
Pour bon nombre de cinéastes passés par la Belgique, la Cinémathèque Royale a été un lieu de fécondation de leur imaginaire cinématographique. Une cinémathèque qui conserve et donne à voir, qui découvre, exhume et préserve, qui confronte et bouscule. C’est là que s’est formé la liberté de regard de bon nombre de cinéastes et de spectateurs. C’est là aussi que Jacques Ledoux, son conservateur-fondateur, fit découvrir "Le Bonheur" de Medvedkine à Chris Marker, à qui il projetait aussi des bobines de scènes coupées par la Commission belge de contrôle des films mises bout-à-bout que Marker décrira comme un formidable collage condensé du psyché belge.
De collage, de puzzle et de voyage dans un imaginaire collectif, il est aussi question dans "Archipels Nitrate", réalisé à l’occasion de la rénovation de la Cinémathèque. A travers les images reminiscentes d’une cinéphilie intime, Claudio Pazienza offre à nos sens une réflexion poétique et philosophique sur le cinéma, la mémoire et la vie. Dans ce croisement généreux entre la simplicité et l’érudition ludique qui caractérise son cinéma, surgit une adresse, un regard qui n’aurait pu naître qu’ici.
Javier Packer Comyn
Secrétaire général du Centre de l'audiovisuel à Bruxelles - CBA