Excel est sexuel. C’est le parti-pris de la réalisatrice suisse Maja Gehrig. Les tableaux de datas se transmuent en un trip érotique et psychédélique. D’abord paysages urbains et sylvestres, les pyramides statistiques évoluent en bacchanales, les courbes forment vulve, les dynamiques se croisent en mouvements masturbatoires. Il n’y aucune obscénité dans ces représentations, en tout cas infiniment moins que dans la matière première qu’elle utilise : performances de tel pays, production de telle ressource, consommation de tel produit. Le propos est acide. Le constat est amer. Alors, autant choisir le mouvement et la couleur, la matière et l’organique, le va-et-vient, le jaillissement. Le film s’emballe et s’accélère. La bande-son tambourine et soupire. Jusqu’à atteindre l’orgasme, avant de mollir doucement et se conclure par cette phrase : « On pourrait multiplier les exemples, ça fonctionne toujours de la même manière ».

Frédéric Blacher
Responsable du développement commercial de Tënk