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Résumé
« Ce film explore une idée de nature qui m’était inconnue alors que je grandissais en France. […] Cette vaste étendue non cartographiée était captivante. Je suis sortie de la route, j’ai dormi dehors et je me suis exposée aux éléments, pour sentir dans tout mon corps l’épuisement des premiers migrants qui traversèrent ce territoire. Peut-on imaginer le premier regard que quelqu’un porte sur une chose inconnue et imposante ? Pour une fois, mon statut d’étrangère était un atout pour la réalisation d’un film. » Babette Mangolte
L'avis de Tënk
Ressentant la nécessité de dépeindre ce qui était là mais sur le point de disparaître, Babette Mangolte se lance dans le tournage de The Sky on Location, une investigation topographique dans l’Ouest américain, qui s’efforce de faire remonter les couches de l’Histoire des États-Unis sédimentées dans les strates rocheuses. Comme elle l’exprime elle-même en voix off, elle veut montrer qu’en dépit de l’apparente solidité de la roche, tout paysage est « un paysage en cours, en train de se produire. […] Rien n’est vraiment définitif, tout peut encore s’effondrer ». En ce début des années 1980, la cinéaste porte un discours environnemental extrêmement précoce : elle alerte sur les graves effets du détournement de l’eau d’un lac acheminée par un aqueduc à Los Angeles ou sur les lourdes conséquences d’un réchauffement climatique de + 1°C. Si le film affirme que « les forces de la nature sont là » et que la nature est présente comme événement et pas seulement comme simple paysage arrêté, une autre force se profile, qui a des répercussions tout aussi grandes sur les milieux : celle de l’humain.
Vincent Deville
Maître de conférences en cinéma à l’université Paul-Valéry Montpellier 3