Résumé
Commandant en chef de l’armée ougandaise à partir de 1964, le général Idi Amin Dada ravit le pouvoir au président Obote en 1971, par un coup d’État. Il se fait nommer président à vie en 1976. Le film de Barbet Schroeder, qui ne semble à aucun moment juger ou prendre parti, révèle le pouvoir tel que l’incarne cet homme n’hésitant pas à jouer son propre rôle et à mettre en scène son gouvernement devant la caméra. Tour à tour naïf ou lucide, drôle ou inquiétant, illuminé ou sûr de sa force physique et de sa mission, Idi Amin Dada effraie et déconcerte.
site de Beaubourg
L'avis de Tënk
Il y a quelque temps, nous programmions “L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu”, aujourd’hui “Général Idi Amin Dada : autoportrait” – la dictature ne se révélant jamais autant que dans son auto-mise en scène. Ici, le général se croit le maître du jeu (il est même crédité pour la musique du film), mais le cinéma le déborde. Sa logorrhée, tour à tour débonnaire, antisémite, martiale, triviale, menaçante ; son corps dominateur ; son regard perdu et son souffle lourd lors d’une rencontre avec des médecins, et le masque grotesque tombe. La banalité de la terreur et la tragédie coloniale éclatent. Dans la lumière franche de Nestor Almendros, ponctué de commentaires ciselés, le film glace par son actualité. C’est aussi notre monde dévasté qu’il semble regarder.